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Du self-care au fascisme de soi

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Comment le concept d’Audre Lorde a été dévoyé par le capitalisme et nos ennemis politiques.

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Judith Duportail
avr. 24, 2025
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Du self-care au fascisme de soi
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Pétrocapitalisme et solitude. Image générée par un robot.

Bonjour ma soeur,

Une des plus grandes tâches de la vie d’adulte est de prendre soin de soi, de son corps, de son lieu de vie. C’est d’ailleurs l’immense partie de ce qui constitue l’éducation d’une jeune personne : lui apprendre à prendre soin de lui ou d’elle. On ne se rend pas compte de tout ce qu’il faut apprendre aux tout jeunes humains, qui savent à peine respirer par eux-même quand ils naissent. Tenir leur propre biberon. Marcher. Se laver, savoir où insister. Aller aux toilettes, se retenir, ne plus porter de couches. Le soin de soi, c’est, au départ, pour nous toutes et tous, apprendre à répondre à ses besoins primaires par soi-même pour rester en vie. La dépression est une maladie qui conduit ainsi à ne plus être capable de prendre soin de soi, de prendre sa douche, de se lever de son lit.

Le soin de soi n’est pas une question neutre. Dans notre société, il est implicitement considéré que certaines personnes méritent davantage de prendre soin d'elles-mêmes. Que certains “s’écoutent un peu trop”, quand d’autres “prennent une pause bien méritée.” Se défaire de la croyance qu’on est indigne ou incapable de prendre soin de soi quand on appartient à un groupe dominé est une tâche ardue et déjà révolutionnaire. C’est ce qu’a démontré l’autrice qui se définissait comme féministe, lesbienne, noire, mère, guerrière et poétesse Audre Lorde. C’est la première à avoir politisé ce concept de self-care, du soin de soi, comme un acte politique. Elle l’explique dans son livre, A burst of Light, paru en 1984 : «Je ne prends pas soin de moi pour me faire plaisir. Mais parce que la préservation de soi est un acte de guérilla. »

A partir des années 2010, le concept de self-care politique a connu un succès dans notre culture, au-delà des cercles militants. Le self-care au sens entendu sur les réseaux sociaux ou dans la conversation générale se referait au repos, au fait de ralentir, de s’accorder un petit plaisir, de prendre soin de son corps ou de cuisiner un bon repas. L’idée que s’accorder un temps de repos était un acte politique a touché juste pour un grand nombre d’entre nous. C’est selon moi pour plusieurs raisons :

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