Rebelles

Rebelles

Share this post

Rebelles
Rebelles
Le célibat et l'amitié

Le célibat et l'amitié

Je pourrais faire une thèse sur ce sujet je crois - sauf que je deviendrai folle en thèse.

Avatar de Judith Duportail
Judith Duportail
mars 27, 2025
∙ abonné payant
176

Share this post

Rebelles
Rebelles
Le célibat et l'amitié
9
7
Partager
Je devais faire quelque chose de cette photo

Salut ma rebelle,

Une des choses les plus difficiles, quand on sort un peu du cadre (ou beaucoup)de l’hétéronormativité, c’est qu’à un moment, presque du jour au lendemain, la conjugalité tombe sur tout le monde quasi comme un couperet… et on peut se sentir bien seule. De mon côté j’ai senti le vent tourner vers 35 ans. J’avais l’habitude de la valse des amies qui disparaissent un peu pendant la phase lune de miel avec un nouvel amour; puis reviennent. Mais de mon côté, vers 35 ans, iels ne sont plus revenus, ou plus aussi facilement. Je me suis alors dit que j’allais devoir bosser pour trouver mes frères et sœurs de pensée, celles et ceux qui décident de valoriser l’amitié.

Parce que ça va vite de délaisser l’amitié, on est encouragé à le faire. Une fois en couple, nos codes sociaux font qu’il est considéré comme absolument normal de ne plus répondre aux messages le week-end, de planter les rendez-vous une fois sur deux, etc. Nous vivons dans une culture ou l’amitié peut parfaitement ressembler à décaler un dej tous les trois mois et liker des storys. Ou alors tout partager en fusion totale et tout lâcher quand l’une rencontre un mec. Je dis cela sans aigreur : ce n’est pas que nos amis ne nous aiment plus, ou que nous sommes sans valeur à leurs yeux. C'est que c’est comme ça que notre société est organisée. Je précise aussi qu’avec certains amis, ça me va parfaitement de partager un dej tous les trois mois, et ça me fait toujours sincèrement plaisir de les voir. Ça me va parce que je sais aussi qu’en cas de grosse galère, on peut s’appeler et on se rend disponible. C’est normal aussi parfois d’alterner des moments de plus grande proximité et d’autres non.

Tout ça pour dire que je n’écris pas cette lettre pour critiquer les gens, mais plutôt pour partager comment moi je fais pour me construire une vie où je ne me sens pas trop seule en étant mama sola dans un monde où le couple est hégémonique. Les amies du dej, avec qui on se raconte toute notre vie une fois tous les deux mois, c’est très sympa. Mais perso, cela ne me suffit pas comme lien social. J’ai à la fois besoin de partager de l’anodin, du quotidien et de la spontanéité dans mes liens amicaux. Dimanche matin comme il pleuvait on a zoné Gare de Lyon avec les bébés et une amie du quartier est venue nous rejoindre prendre un café et jouer à chasser les pigeons : c’est le genre de moment tout simple que j’ADORE (coucou maud !)

Trouver sa meute, tisser des liens qui ne volent pas en éclat, je crois que tout cela est possible. Mais cela demande un effort de conscience, d’application, et aussi de rébellion. Nous vivons dans une époque qui valorise la nonchalance, le chill, en amitié aussi et pour construire un tissu amical solide, il va falloir avoir la force de nager un peu à contre-courant. Une fois de plus, il nous faut être courageuse, mais le jeu en vaut la chandelle, ma soeur. D’autant plus que nous avons une longueur d’avance : nous allons toutes devoir à un moment apprendre à nous débrouiller sans mec, ou en dehors d’un couple. Même si on reste toute sa vie en couple, pour les hétéros, les hommes meurent bien avant les femmes, donc autant savoir comment faire avant d’atteindre le grand âge.

Ce post est destiné aux abonnés payants.

Déjà abonné payant ? Se connecter
© 2025 judith
Confidentialité ∙ Conditions ∙ Avis de collecte
ÉcrireObtenir l’app
Substack est le foyer de la grande culture

Partager