Quand je reçois un message, mon téléphone clignote d’une lumière bleue. Le reste du temps, la lumière reste verte. Ce soir là, je suis dans un café en bas de chez moi, avec des amis. Je parle, je ris, je commande une bière, je sors dehors fumer une cigarette. De l’extérieur, j’ai l’air d’être là. Mais en réalité, mon attention est fixée sur cette lumière. Cette lumière verte, encore verte, toujours verte. Pourquoi est-ce qu’il ne m’écrit pas ? Lui, c’est cet homme rencontré sur Tinder et qui me plait. Il m’a dit qu’il me “tiendrait au courant” de ce qu’il fait ce soir. “Ecris-lui, toi, tu seras fixée”, me souffle une amie. Cela me semble impossible. Illégitime. Car je suis du côté des “plan cul”. Oui, l’expression est un peu trash.
Ce soir là, je ne me sens pas autorisée à m’exprimer. Nous ne sommes pas autorisés à nous exprimer. J’ai enquêté dans L’amour sous algorithme sur le fonctionnement de Tinder et son impact sur nos vies à tous, même non utilisateurs de l’application. Parmi les conséquences majeures relevées par les experts , l’accentuation du phénomène de séparation entre nos vies émotionnelles et nos vies sexuelles. L’accentuation de la ligne de fracture entre le couple légitime et le plan cul, selon, donc, l’expression consacrée.