Bonjour ma soeur,
L’addiction au sucre existe-elle ?
Anna Roy, une sage-femme très médiatisée et défenseuse de la cause des mères, vient de publier un livre Enorme dans lequel elle explique souffrir d’une addiction au sucre.
En préambule, on est d’accord, il y a beaucoup de choses à dire sur ce livre, qui à bien des égards est grossophobe. Déjà rien que ce titre Enorme, est irrespectueux pour les personnes grosses, et aussi selon moi pour elle-même. Je comprends donc les critiques que le mouvement body-positif lui a adressées.
Mais j’ai lu je ne sais combien de commentaires, de post expliquant que l’addiction au sucre n’existe pas, que c’est n’importe quoi, etc.
Je suis désolée, mais c’est du gashlighting. Certes, l’addiction au sucre n’a pas encore été prouvée scientifiquement. Ou en tout cas, les seules études la prouvant sont en réalité largement contestées par la communauté scientifique. Il y en a une dont on a beaucoup entendu parlé : le sucre serait plus addictif que la cocaïne. Cette étude a été critiquée par d’autres scientifiques, car réalisée sur des rats. Ils estiment que les animaux choisiront toujours en premier lieu de s’alimenter plutôt que de consommer une drogue. On ne peut donc pas en déduire que le sucre soit plus addictif, mais plutôt que les rats ont un instinct de survie.
Moi aussi, je me suis d’abord méfiée de cette addiction. Ça me fait peur de diaboliser un aliment, et puis surtout, j’adore manger sucré.
Mais quelle est la différence entre ne pas croire une femme qui dit être addict au sucre et ne pas croire une femme qui dit souffrir de règles anormalement douloureuses ? Longtemps aussi, l’endométriose n’a pas été prouvée scientifiquement. Ou alors on a aussi longtemps cru que les bébés ne ressentaient pas la douleur. Si plusieurs personnes se disent addict au sucre, pourquoi ne pas partir du principe qu’elles disent vrai, qu’elles sont les mieux placées pour parler de leur propre corps, de leur ressenti ? Qu’est-ce que cela nous coûte ? Peut-être que dans leur cerveau, les récepteurs au sucre sont particulièrement affutés? Je ne serai pas surprise que de nouvelles recherches établissent dans quelques années un lien entre les troubles alimentaires et les mécanismes de récompense du cerveau. Peut-être que la science n’explique pas pour l’instant le phénomène d’addiction au sucre, mais la science ne précède pas la réalité, c’est l’inverse. Il y a d’abord des faits que nous parvenons à comprendre et à lire avec la science. Non des formules qui dictent la réalité.
Je me suis demandée si moi, je pensais être addict au sucre.