Le body-count est un concept fasciste
ESSAI - Le masculinisme politique a recréé le concept de virginité en réaction à la 4e vague féministe.
Le “body-count” est censé être un terme qui dénombre les partenaires sexuels d’une personne. Il a d’abord été utilisé par les masculinistes comme Andrew Tate ou Thais d’Escufon qui affirment que la “valeur” d’une femme décroit avec son “body-count”. Le terme tout seul commence hélas à faire une percée dans la culture internet mainstream. Il est en réalité bien plus qu’une simple expression, il est un élément de langage de nos ennemis. Et quand les éléments de langage se diffusent, les idées progressent.
Le concept de “body-count” a d'abord été créé par l’armée américaine pour dénombrer le nombre de personnes tuées lors des combats pendant la guerre du Vietnam (1965-1975). Ce terme contient en lui-même toute sa violence : désigner une personne comme un simple corps est la déshumaniser. Il n’est pas étonnant qu’il soit issu d’une rhétorique militaire meurtrière. Qu’il désigne aujourd’hui un partenaire sexuel est tristement éloquent sur l’estime que porte à la sexualités nos adversaires politiques.
“Body-count” a changé de sens dans la culture populaire pendant les années 2010. Les experts désignent que la transformation s’est opérée au sein de “la culture 4-chan”, sans en dire davantage. 4-chan est un forum en ligne où la règle serait de dire les pires choses possibles, de diffuser les images les plus violentes possibles, sous couvert de provocation, en laissant planer le doute sur ses réelles intentions. Elon Musk est issu de cette culture. Selon mes recherches, la première fois que Body Count apparaît avec le sens sexuel dans la pop culture est dans une chanson de Justin Timberlake en 2013, intitulé justement Body Count. “Baby my body count / Is blowing up all the way / hey
Sign up, put your name down”, chante Justin. Je traduis par “Bébé mon body count explose, inscris-toi, mets ton nom ici.” Bon. Pas hyper classe mais pas encore le pire du pire. Justin Timberlake a par ailleurs abusé psychiquement de Britney Spears (détails ici).
Les années Sex and The City
Les années 2010, c’est l’apogée d’un certain phénomène culturel. C’est à la fois encore les années Sex and the City, et c’est aussi la création de Tinder. C’est un bref moment où les normes de genre se sont un petit peu assoupli autour de notre cou et semble-t-il on aurait eu un peu plus le droit de pécho.
Tous les 20 ans à peu près, l’INSERM publie une grande enquête menée auprès de 30.000 Français sur leur sexualité. Alors oui bien sûr c’est une enquête déclarative, on ne peut pas vérifier si ce que les participant racontent est vrai (et tant mieux!). Les résultats nous informent donc seulement sur ce que les gens disent de leur sexualité et non ce qu’ils font réellement. Mais ça tombe bien ! Car ça m’intéresse encore plus de savoir ce que les gens disent de ce qu'ils font, et donc qu’ils se sentent autorisés (ou pressurisés) à dire, plutôt que ce qu’ils font.